De La Teste à Dubaï, stop aux énergies fossiles

Les nouveaux forages annoncés à La Teste comme les arrangements entre pétroliers de la COP28 reportent sans cesse la sortie des énergies fossiles. La seule COP qui vaille est organisée à Bordeaux par les scientifiques en rébellion.

Alors que le souvenir des incendies de l’été 2022 est encore brûlant dans nos mémoires, nous apprenons que huit nouveaux forages sont envisagés en pleine forêt de La Teste et que la commissaire enquêtrice a conclu favorablement le 13 novembre l’enquête publique qui s’est déroulée du 26 août au 26 septembre dernier.


La fin reportée de la production d’hydrocarbures en France
La loi Hulot de 2017 avait promis de mettre fin à la production d'hydrocarbures en France d'ici à 2040 pour respecter la promesse électorale d'Emmanuel Macron de « sortir des énergies fossiles ». Un minimum pour le pays promoteur de l’accord de Paris ! Rappelons que pour  atteindre la neutralité carbone en 2050 et ainsi maintenir l’objectif de 1,5 °C, une réduction drastique de plus de 75 % de la consommation de pétrole et de gaz est nécessaire, impliquant un développement massif des énergies renouvelables.

Cette loi était déjà un sérieux compromis car N. Hulot avait dû revoir à la baisse son projet initial après l’avis rendu par le Conseil d’État sur le projet de loi (et avant soumission au vote de l’Assemblée nationale). La fermeture annoncée des 62 concessions d’exploitation d’hydrocarbures actuelles, s’est finalement transformée en un sursis jusqu'en 2040, pouvant même être prolongé si les titulaires arrivent à prouver qu'ils n'ont pas rentabilisé leurs investissements initiaux.

L’un des principaux lobbyistes de cette affaire était la société canadienne Vermilion, celle-là même qui veut forer à La Teste et dont on a appris en 2018 – grâce à l’ONG les Amis de la Terre – qu’elle avait exercé des pressions directement sur le Conseil d’État pour qu’il fasse adoucir la loi (d’aucuns diraient pour la vider de sa substance). Le pétrolier Vermillion a même menacé la France d'une procédure en arbitrage international (ISDS) pour décourager le gouvernement de poursuivre son dessein initial.Les Amis de la Terre (voir article ici) - lien externe se sont procuré un document présentant les arguments des lobbies auprès du Conseil d’État. Ceux de Vermilion étaient clairement des menaces formulées ainsi  : « Le projet de loi en général porte une atteinte disproportionnée à plusieurs principes constitutionnels, notamment au droit de propriété et à la liberté d’entreprendre. » ou encore « La mesure viole les engagements internationaux de la France en tant que membre du Traité sur la Charte de l’Énergie de 1994, qui prévoit la protection des investissements dans le secteur de l’énergie ». 

Une commissaire enquêtrice complaisante


A cette loi laxiste avec ceux qui détruisent actuellement le climat, il faut ajouter les lâchetés nationales et locales des pouvoirs publics. La conclusion de l’enquête publique (à lire ici) - lien externe  sur ces forages rédigée par Carole Ancla est inadmissible : « Même si je partage les inquiétudes formulées dans les contributions du public, j’ai tenté de faire abstraction des considérations générales sur le devenir de l’extraction pétrolière en France. »Comment peut-on « faire abstraction » des engagements de la France sur une question aussi fondamentale, qui a justifié la loi de 2017 et tant de déclarations gouvernementales ? 

L’avis de l’autorité environnementale (à lire ici - lien externe) est tout aussi édifiant alors que la plate-forme de forage se trouve sur le site Natura 2000 « forêts dunaires de La Teste-de-Buch » et sur le site classé de « la Dune du Pilat et de la forêt usagère ». Cherchez bien, vous ne trouverez même pas les mots « risque d’incendie » ! L’argument pour anticiper cette critique est le fait qu’il ne s’agit que d’une reprise du premier dossier de 2008 … comme si rien n’avait changé depuis cette date dans la prise de conscience et dans la réalité de l’urgence climatique !

En juillet 2022, on a relevé 42,6°C à la Teste-de-Buch juste avant que ne se déclare l’incendie qui a ravagé 7000 ha dans le massif testerin (et plus de 20 000 ha entre Landiras et Hostens). La forêt qui est un puits de carbone est vulnérable au changement climatique à travers la multiplication des incendies bien sûr mais aussi du dépérissement des arbres lié à la sécheresse et aux parasites qui se multiplient. Les incendies provoquent ainsi une émission de CO2 mais aussi une perte de la capacité de stockage de ce carbone. C’est ce qu’on appelle une boucle de rétroaction.

L’urgence est donc d’empêcher les incendiaires de continuer de nuire


Le programme partagé de la Nupes que porteront les députés soutenus par la France Insoumise aux prochaines élections européennes contient la règle verte qui impose de ne pas prendre davantage à la nature que ce qu’elle peut reconstituer, notamment en reconnaissant un statut juridique pour la nature (possibilité de la défendre en justice, prise en compte dans les décisions…) et qui impose donc, à terme, de ne plus extraire de pétrole de la terre.

Ce programme s’engage à obliger les moyennes et grandes entreprises à mettre en œuvre une comptabilité carbone pour les émissions directes et indirectes certifiée par un organisme public agréé en commençant par les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Il propose de planifier le passage à 100 % d’énergies renouvelables avec un double mot d’ordre : sobriété et efficacité. Abandonner les projets d’EPR , planifier le démantèlement, la réhabilitation et la reconversion des sites nucléaires.

Pour sortir des énergies carbonées il faut arrêter les subventions aux énergies fossiles, y compris à l’étranger et désobéir aux traités de libre-échange qui s’opposent à l’atteinte de nos objectifs écologiques, alimentent le dumping social et favorisent des délocalisations. Ainsi il faudra de toute urgence désobéir au Traité sur la Charte de l’Énergie de 1994 utilisé par Vermilion pour faire pression sur les autorités françaises.

Nous n’atteindrons pas nos objectifs climatiques sans mettre en place dès aujourd’hui la sortie des énergies fossiles. Tout l’inverse de la politique du Gouvernement qui reporte la fermeture des centrales à charbon à 2027, lance le terminal méthanier au Havre pour importer du gaz de schiste états-unien, ne respecte pas les objectifs de déploiement des énergies renouvelables et… soutient Vermilion pour les 8 nouveaux forages de La Teste !

Vive la COP alternative de Bordeaux !


Alors que la COP 28 va s’ouvrir ce 30 novembre à Dubaï, les espoirs pour que des mesures ambitieuses soient adoptées se réduisent jour après jour.  Une COP 28 alternative propose le même jour une autre trajectoire à Bordeaux. La France Insoumise (communiqué ici) - lien externe, ses militants et militantes participeront à la seule COP28 qui ait du sens : celle qu'organisent les scientifiques en rébellion à Bordeaux du 30 novembre au 3 décembre.
Programme détaillé ici - lien externe

Pour aller plus loin

Retrouvez un ensemble de fichiers pour aller plus loin sur le sujet.